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Biographie

Bande-son du tueur-né

Une des plus grandes prestations de Nine Inch Nails fut aussi celle de l'un des plus grands festival de tous les temps. Woodstock II fut conçu dans l'intention de révoquer le sentiment d'unité et d'amitié qui fut engendré par le premier festival de Woodstock, en 1969. Ensuite, le Flower Power et l'état d'esprit des années 60 firent que l'amour libre, le psychédélisme et l'amour en groupe devinrent monnaie courante. Vingt-cinq ans plus tard, 350 000 gosses se sont retrouvés dans des champs boueux au fin fond de l'état de New York pour une expérience totalement différente. Les

membres du groupe étaient nerveux - peu habitués des foules si importantes, ils ne savaient pas comment les fans réagiraient, surtout qu'un public trempé par la pluie et couvert de boue ne doit pas être très à l'aise. Sur le chemin du concert, cependant, Reznor a poussé Danny Lohner tête premièredans la boue, et un combat de boue s'ensuivit, de telle manière qu'ils arrivèrent sur scène couverts de terre ! Leur nervosité avait disparu et le spectacle fut réellement à couper le souffle. D'une certaine façon, c'était l'ironie suprême : un festival fondé sur un héritage d'amour et de paix dans lequel la bile et le venin de Nine Inch Nails ravit la vedette, c'est peut-être l'ultime paradoxe. La frénésie autour du groupe augmenta encore d'un cran. La

contreverse suivante fut engendrée par quelque chose que Reznor trouva naturel de faire. Il n'est donc pas surprenant de le voir produire la bande-son d'un des films les plus décriés de tout les temps : Natural Born Killers (en français, Tueurs-Né ou Le Meutre dans le Sang), le brulôt contre la société américaine signé Oliver Stone. Narrant les exploits d'un couple maniaque et amoureux s'amusant à commettre des meurtres (couple incarné par Woody Harrelson et Juliette Lewis), cette fable a outré de nombreux pans de la société tout autour du monde. Les complexités et la critique moqueuse de la machine de médias américaines que l'ont trouvait dans le scénario furent masqués par une campagne de censure qui demandait que le film soit interdit. Cela a si bien fonctionné qu'il est introuvable dans certains Etats, mais pratiquement partout les recettes pour le film étaient énormes. g src="nbk.jpg" width=100 height=80 align=right border=6> Une partie de la qualité filmographique de Natural Born Killers vient de l'exceptionnelle bande originale, toujours adaptée au récit (malgré la complexité et la vitesse de ce dernier). Rarement un film avait un fond sonore si adapté à son discours, et le résultat était stupéfiant. Trent Reznor fut chargé de cette b.o., et c'est probablement l'un des meilleurs albums de ce genre jamais réalisé ! Pré

cédemment, les bandes originales ne sortaient pas des sentiers battus, même si avec Terminator 2 (et ses musiques des Guns N'Roses) et The Crow (et ses morceaux signés de la crème de la scène alternative, comme Helmet, Rage Against The Machine ou Pantera) la forme commençait à changer. Si ces films (et d'autres) ont commencé à changer l'idée qu'on se faisait d'une bande originale de film, le travail de Trent sur Natural Born Killers l'a complètement redéfini. Cel

a peut paraître ironique, mais Reznor avait été contacté par Stone lui-même seulement pour voir s'il pouvait utiliser des titres de Nine Inch Nails dans le film. Quand Reznor a assisté à une projection privée, il fut si abasourdi qu'il décida de la sortir du son propre label, Nothing records (qui venait de signer Pop Will Eat Itself [qui créditait souvent Reznor pour l'inspiration], et qui avait signé aussi Coil, Plug, Prick et Marilyn Manson). Sans discontinuité, contenant des artistes tels que L7, Patti Smith, Lard, Jello Biafra et Dr. dre, la bande-son était vraiment brillante. Il est intéressant de noter qu'un seul nouveau morceau de NIN en fait partie : c'est "Burn" qui a été écrite exprès pour le film, et qui apparaît dans les crédits finaux. Une grande partie du travail sur ce film fut fait pendant la tournée européenne de The Downward Spiral : ce patchwork détonnant est né dans des chambres d'hôtel et dans le bus de la tournée ! Au final, Reznor a vu Natural Born Killers plus de 70 fois avant de finir le projet !